De la composition au studio

Avec Angie Ott, nous avons voulu composer un morceau qui croise nos deux univers. Elle évolue dans un registre pop, et moi plutôt dans un monde orchestral. Le titre "There Will Be" est né de cette volonté de mêler ces deux approches, et d’y trouver un terrain commun.

Très tôt, il m'est apparu que sa voix pouvait très bien dialoguer avec la richesse d’un orchestre. C’est une voix expressive, puissante, qui porte naturellement les couleurs d’un accompagnement large. Mais mobiliser un orchestre réel est un processus lourd, et nous avons décidé de construire une orchestration entièrement synthétique, pour travailler en studio.

Comme expliqué dans mon précédent article, la composition s’est faite à deux, à partir de motifs mélodiques qu’Angie apportait au piano. Nous cherchions ensemble les accords, les évolutions, les lignes de chant. J’ai ensuite orchestré une première version en pensant à la manière dont je construis habituellement une partition : en répartissant les voix, les bois, les cuivres, les cordes. Nous avons réécouté, ajusté, modifié. Angie me proposait des changements — renforcer une section, en retirer une autre — et j’adaptais. Cette phase a été très riche.

Lorsque nous avons estimé que cette version était aboutie, je l’ai transmise au studio B-note à Berne, avec qui Angie avait déjà travaillé. Nous avons envoyé un matériel qui permettait au studio de réutiliser certains sons tels quels, ou de les retravailler à partir de ce que nous avions proposé. Certains éléments lui plaisaient déjà dans notre version. Cela ressemblait à un enregistrement complet, mais synthétique, avec toutes les pistes distinctes comme pour un orchestre réel.

Le studio, dirigé par Ben Mühlethaler, a proposé pas mal de pistes, notamment sur la rythmique, qui, dans notre version initiale, était encore esquissée de manière sobre. Son apport a permis d’élargir le spectre sonore. Il y a eu plusieurs allers-retours. Nous nous sommes rendus au studio pour enregistrer la voix d’Angie, et c’est aussi à ce moment-là que les premières propositions de mix ont été testées. Certaines nous ont tout de suite plu. D’autres, nous les avons ajustées ou reprises après réflexion. Le dialogue a été constant jusqu’à trouver une version qui nous convenait à tous les trois.

Cette expérience m’a donné envie de poursuivre ce type de collaboration, d’apporter ma manière d’orchestrer dans des projets portés par d’autres artistes. Et aussi de continuer à explorer le potentiel des sons, même en dehors d’un orchestre réel.

Enfin, nous avons eu l’occasion de faire vivre ce morceau dans un autre cadre : le jour de la sortie du titre, le 26 avril, il a été interprété pour la première fois en public par la société de musique de l’Union de Cornaux, que je dirige. C’était une autre manière de faire vivre cette chanson, dans un univers totalement différent. J’ai réarrangé le morceau pour l’adapter aux instruments disponibles. C’était un moment très fort de voir les musiciens s’emparer de cette pièce et de la faire résonner en live avec leur propres émotions.

Ce projet m’aura donc permis de concrétiser un projet mêlant plusieurs sensibilités musicales et faisant le lien entre plusieurs mondes que j’aime.