Novecento : un voyage qui restera en mémoire

Les représentations de "Novecento : Pianiste" au chantier naval de Neuchâtel sont maintenant derrière nous. Plus de 700 spectateurs ont assisté au spectacle, toutes les soirées étaient complètes, et nous avons même dû ajouter une supplémentaire. C’était un franc succès, et avant tout une expérience profondément marquante pour moi.

Un texte qui résonne

Dès les premières répétitions, j’ai senti que le texte d’Alessandro Baricco avait quelque chose de particulier. Je l’avais déjà ressenti en préparant la musique, mais de l’entendre porté par la voix d’Alexandre De Marco, en direct, a pris une tout autre dimension.

Alexandre De Marco, "Novecento : Pianiste" au Chantier naval de Neuchâtel

Novecento, ce personnage qui n’est jamais descendu de son bateau, m’a beaucoup parlé. Son monde, limité aux touches d’un piano, lui suffit. Parce qu’il y trouve une forme d’infini qu’il peut maîtriser. C’est une idée qui résonne fort quand on est musicien : parfois, notre univers semble petit, mais il ouvre sur une profondeur sans fin. Jouer ce spectacle m’a rappelé que la musique pouvait être un refuge, mais aussi un espace d’infini.

Le bateau, un personnage à part entière

Jouer ce spectacle sur un bateau, au cœur d’un chantier naval centenaire, a tout changé. Le public n’était pas face à une scène classique, mais levait les yeux vers l’histoire. Il y avait quelque chose d’immersif, presque d’éblouissant.

Le bateau, construit dans les années 1930, portait déjà sa propre histoire. Le lieu aussi, avec ses cent ans de mémoire. Et tout cela venait se superposer au récit de Baricco. Le texte, la musique, le lieu : un foisonnement d’univers qui a marqué autant le public que nous sur scène.

Ce que le public a emporté

Les retours ont été très forts : à l'issue du spectacle, les spectateurs venaient nous parler avec des étoiles dans les yeux, la voix parfois chargée d'émotion. Beaucoup connaissaient déjà le texte, lu à l’école ou découvert plus tard. De le voir rejoué, réinventé, a réveillé des souvenirs profonds.

Je crois que chacun est reparti avec une émotion différente, mais l’essentiel est que nous ayons réussi à être fidèles à l’héritage de ce texte tout en y ajoutant notre voix musicale.

Une aventure collective

Ce qui restera aussi, c’est le travail en équipe. Nous étions tous en scène en permanence, le chœur, les musiciens, le comédien. Même dans les moments de silence, il fallait rester attentifs, connectés. Il y avait une vraie écoute entre nous, une complicité qui s’est renforcée au fil des représentations.

Je garde un souvenir très fort de la fin du spectacle : le grand rideau du chantier naval s’ouvrait sur le lac et l’horizon nocturne, puis le chœur se joignait à l'orchestre pour faire écho aux paroles de Novecento. Ce geste simple, cette ouverture sur l’infini, a donné une intensité incroyable à ce final. Je crois que personne n’est resté indifférent.

Une expérience à revivre

Si je devais revivre un moment, ce serait cette fin. Le silence avant les applaudissements, l’écoute suspendue du public, l’impression que tout avait trouvé sa place. C’était un instant de grâce, rare, précieux.

Avec ce projet, j'ai compris la puissance que pouvait véhiculer un texte et la force dont un lieu peut être chargé. Mais surtout, il m’a rappelé l'importance de vivre et partager ces instants où musique, texte et public se rejoignent pleinement.