Novecento, quelques jours avant le large
- Jeremy Rossier
- il y a 10 minutes
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Dans quelques jours, le spectacle Novecento : Pianiste prendra vie sur un bateau, au cœur du chantier naval de Neuchâtel. Ce projet est porté par une énergie collective très forte. Il y a du monde autour de cette création : un comédien, des musiciens, des figurants et choristes, chacun avec ses repères, ses idées, son attention. C’est stimulant, c’est un peu vertigineux aussi. Comme souvent à l’approche d’une création, je me tiens quelque part entre l’excitation et le doute.

Théâtre musical, au plus près du texte
Le texte d'Alessandro Baricco est écrit comme un monologue, avec des indications très précises, presque théâtrales. On sent qu’il a imaginé une mise en scène possible au moment même de l’écriture. Et il y a déjà, entre les lignes, des silences, des élans, des moments pensés pour la musique.
J’ai eu envie que cette musique ne soit pas là juste pour relier les scènes. Je voulais qu’elle soit un fil conducteur, qu’elle dialogue avec le texte, qu’elle le soutienne sans l’écraser. C’est un spectacle où les mots, les notes et les gestes partagent le plateau. Et parfois, l’un prend la main sur l’autre. L’équilibre change, évolue, selon les moments.
Composer sans tricher
Ce qui m’a guidé tout au long du travail, c’est le texte. Il a été mon fil rouge, et parfois aussi mon refuge. À chaque doute, je revenais à ses rythmes, à ses silences, à ses images.
Le jazz n’est pas mon langage de base. C’est un univers que je respecte, mais que je pratique peu. Je savais que je composais pour des musiciens qui ont une longue expérience de cette esthétique, et c’était à la fois une chance et un défi. Alors j’ai décidé de ne pas tricher. De ne pas essayer d’écrire « comme si j’étais » jazzman. J’ai écrit ce que je ressentais en lisant Novecento, en essayant d’être le plus juste possible.
L’improvisation a été une belle réponse à cette tension. J’ai construit des boucles, des cellules répétitives qui offrent un espace d’expression aux musiciens, tout en laissant au texte la place qu’il mérite. Ces moments d’improvisation sont pensés comme des dialogues : avec le comédien, avec la narration, avec le lieu aussi.
Un chœur sur le pont
Le chœur joue un rôle fondamental dans le spectacle. Une trentaine de personnes seront là, sur le bateau, parfois comme passagers, parfois comme voix, parfois comme simples témoins.
Leurs interventions chantées sont construites uniquement à partir du texte. Je n’ai rien ajouté. J’ai simplement extrait des phrases, des fragments, des répétitions. À certains moments, Baricco fait surgir des mots, comme en suspens, presque poétiques. Ces mots-là m’ont donné envie de les mettre en musique.
Ce moment que j’attends
Parmi tous les moments du spectacle, il y en a un que j’attends particulièrement, vers la fin du spectacle. Je ne veux pas trop en dire, mais c’est un passage où le narrateur prend la voix de Novecento pour la première fois. Il dialogue avec un autre personnage. C’est dense, profond, et on commence enfin à comprendre quelque chose de sa manière de voir le monde.
J’ai composé pour cette scène une longue séquence où la musique est en appui de la parole. Elle émerge, se retire, revient, monte. Le chœur y joue aussi un rôle important. Si tout se passe comme je l’imagine, ce sera un moment à la fois fort, doux et troublant.
Ce qui pourrait surprendre
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le texte, je pense que le ton peut surprendre. C’est une écriture très vivante, très libre. Par moments, elle est drôle, farceuse, presque impertinente. On sent une chaleur italienne qui traverse tout.
Et puis il y a la musique. J’ai essayé de proposer quelque chose d’un peu inattendu, parfois décalé. Pas pour étonner à tout prix, mais parce que ce personnage - Novecento - est lui-même décrit comme un musicien un peu à part. Quelqu’un dont le jeu surprend les oreilles. Alors j’ai voulu rester fidèle à ça. Essayer de surprendre, moi aussi. Avec simplicité.
Les infos pratiques
Le spectacle aura lieu à la Halle du chantier naval du Nid-du-Crô, Rue du Littoral 5, Neuchâtel.
Nous jouerons les 28, 29, 30 août à 20h30, le 31 août à 17h et le 14 septembre à 20h30.
Billetterie : +41 (0) 79 365 29 19
Réservations : reservations.naveva@gmail.com
Tarifs : CHF 30.– / CHF 15.– (étudiant·e·s, AI, chômage, jeunes < 25 ans)
