Une répétition, ça sert à quoi ?
- Jeremy Rossier

- 6 oct.
- 3 min de lecture
Alors que les répétitions de James Bond en concert battent leur plein, une question revient souvent : à quoi sert vraiment une répétition ? Pour certain·e·s, c’est un moment de travail technique, pour d’autres, une parenthèse collective, presque un rituel. Pour moi, une répétition, c’est tout cela à la fois — mais surtout un espace pour apprendre à jouer ensemble.

Le vrai rôle d’une répétition
Lorsqu’on répète seul, on cherche à maîtriser son instrument, à corriger, à progresser. En groupe, le but change : il ne s’agit plus seulement de jouer juste, mais de faire corps avec les autres.
Une répétition, c’est le lieu où naît le son collectif, celui d’un ensemble qui apprend à s’écouter, à se fondre dans une même énergie.
C’est un point d’équilibre toujours délicat, surtout dans le monde des musiques amateurs. Les musiciens ont un métier, une famille, d’autres engagements. Le temps pour travailler à la maison est souvent limité.
Mon rôle, en tant que chef, c’est d’accompagner cette réalité : motiver sans culpabiliser, demander sans exiger, et surtout maintenir le plaisir de venir. Parce qu’un musicien qui prend plaisir à jouer progressera toujours plus vite.
Préparer le travail : définir un cap
Avant chaque répétition, je prends le temps de me demander : où en est l’ensemble ?
Les répétitions ne se ressemblent pas. Certaines servent à découvrir une pièce, d’autres à consolider les équilibres ou à relier les transitions avant un concert. Ce qui compte, c’est de savoir ce qu’on veut atteindre ce soir-là.
Je fixe donc un objectif clair. Dans un projet aussi ambitieux que James Bond en concert, il faut choisir où placer l’attention.
Par exemple, lors d’une répétition tutti, je leur ai dit dès le début :
« Ce soir, on travaille l’équilibre. Ne jouez pas trop fort et cherchez plutôt à intégrer votre son au son de l’ensemble. »

Cette consigne simple a permis à tout le monde de jouer avec plus d’écoute. Et à la fin de la répétition, on savait qu’on avait progressé collectivement.
Arranger et diriger : deux gestes qui se répondent
Quand j’arrange un morceau que je vais ensuite diriger, le lien entre écriture et interprétation est évident.
Je connais déjà la structure, les transitions, les tensions harmoniques. Quand j’écris, je pense à la manière dont on la travaillera. Et quand je dirige, je me souviens de pourquoi je l’ai arrangée ainsi.
Mais même sur des œuvres qui viennent d’autres compositeurs et arrangeurs, le principe reste le même : adapter la musique aux personnes présentes. Un bon arrangement, c’est celui qui vit bien entre les mains des musiciens qui le jouent.
Ce travail continue pendant la répétition : on ajuste, on équilibre, on cherche à faire sonner l’ensemble.
Le rôle humain du chef
Être chef, ce n’est pas seulement battre la mesure.
C’est donner un tempo, oui, mais aussi une direction, une envie. Dans un ensemble amateur, le chef d’orchestre joue un rôle de lien humain : c’est lui qui crée la cohésion, l’élan, l’écoute mutuelle.
Je dis souvent que c’est un peu comme un entraîneur d’équipe : on construit une dynamique, on valorise les progrès, on entretient le plaisir. Durant la répétition elle-même, beaucoup d’intentions sont transmises par le geste : la battue, le regard, la respiration.
Avec le temps, les musiciens apprennent à lire ces signes. On développe une compréhension mutuelle, presque silencieuse.
James Bond en concert : un projet collectif
Les répétitions de James Bond en concert ont demandé une organisation particulière.
Plus d’une heure de musique, trois fanfares réunies — L’Union de Cornaux, La Fanfare de La Chaux-du-Milieu et L’Ouvrière de Chézard-St-Martin —, des musiciennes et musiciens d’horizons différents.
Certaines répétitions ont réuni tout le monde, d’autres se sont faites par registres : tous les cuivres ensemble, puis tous les bois, toutes les percussions.
Ce travail en petits ensembles permet d’aller dans le détail. Mais dès qu’il s’agit de construire la couleur d’ensemble, il faut tout réunir.
L’intensité du projet est réelle : les partitions ont été terminées en juin, juste avant la pause d’été. Les répétitions ont repris fin août, et les concerts se joueront en novembre et décembre. Ce rythme dense impose de travailler efficacement, de se concentrer sur les passages les plus constructifs.
L’idée, c’est de faire en sorte que ce qu’on apprend sur douze mesures serve à toute la pièce.
Et maintenant, place aux concerts
Évidemment, c’est quand la musique rencontre le public que tout ce travail prend son sens.
Les concerts James Bond en concert auront lieu :
Samedi 22 novembre à 20h — Espace Ta’tou, Cornaux
Vendredi 12 décembre à 20h — Salle de spectacles, La Chaux-du-Milieu
Dimanche 14 décembre à 17h — La Rebatte, Chézard-St-Martin
Entrée libre – collecte – bar.



